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Saint-Maur et la rivière


L’eau s'écoule vers la mer
L'homme seul remonte le courant.

L’eau enracine la vie sédentaire.
Les nomades se retrouvent au point d’eau.

L’homme est à la confluence du solide et liquide.
Liberté de l’artiste nomade qui va et vient entre ses seins et puis les siens.
Confronté à l’autre et donc à lui-même, tantôt en terrain ouvert et découvert, tantôt terré, transportant son encre et ses larmes, il ne laisse que ses propres traces, mines de rien.

A la fois statique et mobile, l’atelier sur l’eau est la combinaison ad hoc. L’artiste est capitaine parmi les phoques. Son dessin, qui couvre ses feuilles, structure ses toiles et organise ses sculptures, a la grâce divine de la sirène. Il a aussi l’espièglerie et la force nécessaire que lui commande le destin.

Saint-Maur a donc choisi cette voie, la voix d’eau. Son œuvre miroite et palpite. Elle irrigue et nourrit. Désormais l’artiste est parti mais son œuvre est toujours là qui flotte.                             
 (Coutou 2013)

Saint-Maur – Huile – (années 30) - Remorquage sur la Seine à Paris

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Comment t’atteindre sans te briser, car il ne faut pas tuer l’oiseau,
cueillir la fleur, sécher le ruisseau, mais écouter, sentir, goûter, se
faire offrir ces dons du Tout ……….

Au crépuscule, la flamme s’élève, mystérieuse, au ras de l’eau,
là-bas dans la pagode……………………. dans mon cœur,
à l’unisson, va grandissant le désir, et je me tais.

(Saint-Maur « MÉDIOCRATIE - Essai dédié aux poètes assassinés » - 1940 - inédit)

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L’homme cet animal entre deux eaux ...

Toutes les demeures ont une étrave ...

20 Avril : arrivée de ma jonque « La Maya ».
J’arrive par un minuscule sentier au milieu des arbres à huile (ricin)
dans un déluge de verts, fondus à l’or du couchant.
La jonque attend sur l’eau rouge dans laquelle se baignent deux fortes indigènes.
Du bord je bois la berge et les dos ronds et larges de ces deux filles dorées
qui s’en vont. Le spectacle est beau plus que pittoresque.
Plus loin un buffle brun roussi est conduit par un enfant en chemise orange, la cigarette au bec, sous un ciel bleu opalin . . .            (sujet à peinture)

(Saint-Maur in « Ombres sacrées » - journal –Hanoï 1944 - inédit)

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 Saint-Maur - encres (années 50)

Saint-Maur - Huile (années 50)

Saint-Maur – Huile – (Honfleur 1954)
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Saint-Maur – Feutre – (Bougival 1978)

Comme une flottille sur le fleuve gris s’enfonce
dans la brume vers l’écluse du val, mes rêves
naviguent sur la Seine à Bougival.

(Saint-Maur - 1978)