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SAINT-MAUR peintre au TONKIN


Le potier – huile sur toile (Hanoï ; 1944)

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Nature morte

J’installe un petit pot sur un trépied. D’un mouvement élégant et réel, j’évoluerai en spirale sur la toile et en moi.

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Le « Potier » est terminé – Apparence si simple – Devant la toile finie je pense à Delaunay et Picasso, aux peintres en bâtiment, aux sucres d’orge et au soleil sur la Méditerranée. C’est ma première toile simple.

J’ai traversé une épaisse couche de sentiments humains (gluants), pour atteindre aux sensations libérées.

Qui la comprendra ?

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A Paris ça me placerait très haut, car ma personnalité y est tout entière. Bien que la parenté avec Delaunay puisse me jouer un vilain tour, ce ne pourrait être qu’au premier coup d’œil – il n’en est rien – C’est construit N.C.V. (Nul – Calme – Vibré) en spirale et orphique – etc. …

Donc c’est un total de mes sommes et non une dérivation des orphiques.

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Devant le « Potier » : ils n’ont a rien à dire.

Il n’y a pas ce qu’ils y auraient mis, il y a tout ce qui est plus grand qu’eux – oui mieux – ils n’ont pas de quoi combler cette forme.

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20 Mars - Yen Phu : Bon dimanche.

Mais devant le « Potier », un silence assez total – Devant mon portrait ils démarrent, sentent, disent-ils, la grande chose difficile à expliquer (un peu ce que je ressentais devant Picasso). Ils ont la franchise de ne rien dire devant mon potier. Hélas oui, je m’embarque dans une voie où je serai bien seul ! Ce sera dur, mais j’y croise Van Gogh, Gauguin (les couleurs)…

Extraits du journal de Saint-Maur :

« Ombres sacrées » inédit (année 1944)

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